D’abord réfléchissez à la façon dont vous envisagez la spiritualité. Pensez-vous à la spiritualité comme à quelque chose qui peut être trouvé dans un livre ? Si c’est le cas, je vous conseillerais alors de faire comme cela. Maintenant, je sens que j’ai de grandes aptitudes [Swamiji montre une pomme] et pourtant personne n’en mange. Alors, à quoi cela sert de parler ? Il vous faut d’abord manger et si vous ne pouvez pas, il vous faudra alors attendre… rester assis et attendre. (…)
De quelle manière voulez-vous apprendre la spiritualité ? Voulez-vous l’apprendre avec les bonnes manières ou bien avez-vous tellement faim que vous ne pouvez pas vous retenir de la manger ? Si vous avez vraiment faim, vous croquerez immédiatement la pomme mais si vous voulez la manger en employant les bonnes manières, vous prendrez alors votre temps pour trouver un couteau et découper soigneusement la pomme. D’abord vous allez me demander : “Elle est bonne ? Quelle en est la signification ? Où l’avez-vous trouvée et combien elle a coûté ? A-t-elle déjà été lavée ? Où sont le couteau et l’assiette ?” Une personne qui a désespérément faim ne posera pas toutes ces questions, elle croquera immédiatement la pomme ! Mais si la personne n’a pas tellement faim, elle posera des questions comme : “Où l’avez-vous achetée ?” “A Trichy.” “Combien l’avez-vous payée ?” “Deux cinquante.” “Ah, très bien. Et vous la trouvez savoureuse ?” “Oui, je trouve.” “Dans quel pays a-t-elle poussé, en Inde ou ailleurs ?” “Non, là-bas.” “Ok, apportez-moi un couteau.” Et alors quelqu’un va chercher un couteau.
Et lorsque le couteau est là, ils demandent : “Et où est l’assiette ?” Alors quelqu’un apporte l’assiette. Et avant de couper la pomme, on la lave avec soin et ensuite on la découpe lentement et soigneusement en de jolis petits morceaux. En plus, avant de la manger, on va en offrir d’abord aux autres : “Voilà, servez-vous.” Vous voyez, ils ont de très bonnes manières. [Swamiji imite quelqu’un qui mange poliment.] Pensez-vous que tout ça est nécessaire pour manger une pomme ? C’est du cinéma dans l’assiette. Qui a vraiment faim ? Donnez donc cette pomme aux enfants de l’Ashram – elle sera engloutie avant même qu’ils arrivent au bâtiment d’à côté ! Ils ne vous demanderont jamais d’où vient la pomme et où elle a poussé, quel goût elle a ou si elle a été lavée ou pas… ils ne se soucieront pas de tout cela, ils voudront juste manger la pomme !
La spiritualité, qu’est-ce que c’est ? La manière dont vous mangez cette pomme, cela représente un type de spiritualité ou un autre. A ceux qui veulent réaliser la spiritualité la plus élevée, je donnerai cette pomme et ils devront la manger immédiatement. Pour ceux qui veulent comprendre la spiritualité… leur style ressemble à l’histoire du couteau. Ce satsang que nous avons maintenant, c’est l’histoire du couteau ; vous me demandez où j’ai acheté la pomme, je vous dis où, puis vous me demandez où j’ai acheté le couteau et je réponds aussi. C’est une information, c’est comme une leçon, comme faire un cours, mais si vous voulez sentir et réaliser la plus haute spiritualité, c’est une perte de temps. Sautez ! Immédiatement ! Pratiquez ! C’est la façon de faire d’un fou… la pratique.